CEBIO
« S'organiser pour sortir du système « Egonomique » ! »
(Transcription de la vidéo ci-dessus)
CEBIO est une centrale d'achat qui a déjà été expérimentée par
son créateur à petit échelon pendant 5 ans il y a une dizaine d'années. Mousse
BOUCHERAKI souhaite aujourd'hui la lancer à
grande échelle.
Cette centrale d'achat propose un nouveau système économique, une nouvelle façon de fonctionner, de penser, de se comporter dans nos actes de consommation au quotidien.
Son objectif est de permettre à des particuliers de se réunir en groupes d'achat locaux. Un groupe d'achat local c'est une dizaine de familles, un responsable qui va être chargé de récolter les commandes de l'ensemble du groupe et un local. Dans ce local, une fois par semaine, exactement comme si on créait un mini drive personnel entre voisins, on reçoit la commande que l'on a passé à la centrale d'achat. Bien-sûr, 100% des fruits et légumes sont bio, ainsi que tous les produits épicerie ou autres.
Grâce à un frigo, chaque groupe d'achat, s'il le décide, peut aussi consommer de la viande, faire des achats de produits frais comme du fromage.
Durant les 5 années de phase expérimentale, Mousse avait créé des groupes petit à petit. Il y en a eu à Marseille, à Paris, autour de Saint-Étienne et dans d'autres villes, et l'idée était très simple, c'était que plus il allait y avoir de groupes d'achat, plus la centrale d'achat qui est associative allait pouvoir devenir importante.
Ainsi, en devenant de plus en plus importante, en ayant de plus en plus de groupes d'achat on aura la possibilité de tenir le 1er engagement de la centrale d'achat qui est vis-à-vis des adhérents, car elle n'a plus à faire avec des « con sommateurs » complètement tributaires des modes de production du système dans lequel ils sont.
Donc quand nous allons dans un magasin, quand nous achetons un produit de marque industriel , nous validons, nous donnons notre consentement : « ok, je suis d'accord que vous bruliez la forêt indonésienne, parce que j'achète des produits avec de l'huile de palme, ça aujourd'hui je le sais ». C'est donc le gros travail de la centrale d'achat de choisir des produits écologiques, locaux et bio.
Aujourd'hui, dans les 3 phases de la centrale d'achat, ce qui est intéressant dans ce modèle économique c'est qu'on peut commencer sans avoir de grands moyens financiers, ce qui est loin d'être négligeable. Il est important que ce modèle puisse être reproductible partout...
Donc au départ, une présélection est faite des agriculteurs avec lesquels l'association souhaite travailler. Quand le sourcing est fait, quand les produits sont choisis, s'il y a des tomates de Serres-Castet, je prends des tomates de Serres-Castet, et s'il y a des tomates d'Espagne et des tomates de Serres-Castet, bien évidemment la sélection se fera en faveur de Serres-Castet. Donc c'est le travail de la centrale d'achat de toujours faire des choix qui vont correspondre à cet autre objectif qui est de relocaliser complètement tous les moyens de production.
Le 2ème engagement de la centrale d'achat, c'est de pouvoir s'investir et d'investir les bénéfices dans la création de notre « indépendance alimentaire ». Il y a 10 ans ça semblait utopiste mais il y a 10 ans il manquait 2 choses.
Aujourd'hui, on a énormément de jeunes qui se lancent dans l'agriculture, dans des petites exploitations dans un modèle que l'on appelle la permaculture et ça permet, à l'exemple de ce jeune agriculteur qui n'a que 1000 m2 de terrain à Thermes-Les-Fontaines, d'arriver à se sortir un salaire plus que décent, il arrive même à prendre des vacances.
D'autres agriculteurs qui sont dans le modèle hyper-productif, qui ont 10, 20 hectares de terrain, n'arrivent même pas à se verser 700€ par mois une fois qu'ils ont payé tous les emprunts et tout le toutim malgré les subventions qu'ont va leur donner. Ça c'est une complète aberration.
Et donc aujourd'hui, l'objectif de la centrale d'achat va être d'utiliser les bénéfices réalisés, pas pour nourrir Wall Street (désolée pour les actionnaires de Wall Street), mais pour investir dans l'achat de terres agricoles, mais aussi dans le soutien de jeunes ou moins jeunes agriculteurs à qui cela parlera de reprendre leur indépendance alimentaire.
Quand il y a 10 ans, Mousse BOUCHERAKI disait dans ses conférences qu'il faudrait être capable d'acheter des terres autour de soi parce ce qu'on ne sait pas ce que l'avenir nous réserve, et il faisait rire tout le monde à l'époque, car il disait « il faut que nos champs soient à distance de cheval ». Très juste, parce que là, effectivement, si demain on ferme les frontières, on va manger comment ?
En France aujourd'hui, nous avons 5 jours de stocks alimentaires. Ça veut dire qu'au bout de 5 jours il n'y a plus rien dans les magasins. Et c'est vrai qu'il y a 10 ans ça paraissait futuriste. Mousse aurait bien-sûr aimé que ce qu'il se passe aujourd'hui n'arrive jamais, mais aujourd'hui on est face à une réalité qui nous dit que certaines crises, certains scénarios de science-fiction peuvent devenir réalité. Et l'objectif de la centrale, il y a 10 ans et aujourd'hui c'est encore plus vrai, c'est de réinvestir tous les bénéfices, tout l'argent qui sera gagné pour pouvoir construire l'indépendance alimentaire des adhérents. Et ce lien entre la centrale d'achat et les adhérents va être capital parce qu'au-delà du simple fait de passer une commande à une association, ce qui va être important, c'est d'établir une vraie relation entre le consommateur qui devient adhérent, on parle beaucoup de « consom'acteur » pour devenir donc l'acteur de son argent et de ce qu'il se passe avec cet argent. Beaucoup de personnes font le lien direct d'acheter, de sortir sa carte bleue et de sortir sa carte de vote. Aujourd'hui notre carte bleue on la sort tous les jours ou tous les 2 jours et nous votons à chaque fois.
Donc pour ne plus voter, JE ne veux plus voter, ne donnons plus notre consentement à un « DES », « Destructive Economic System » qui détruit tout ce qu'il touche. Il y avait Midas qui transformait tout en or et bien nous sommes à l'opposé de Midas, a l'opposé de l'or. Nous sommes dans quelque chose qui n'est pas dans l'intérêt de l'humain aujourd'hui. C'est ce que Mousse BOUCHERAKI essaie de crier aux oreilles de son ami Antoine de Saint-Exupéry et ce qui est fou c'est de se rendre compte que très peu de personnes en 2022 font réellement et concrètement le lien entre toutes les crises de l'humanité et le système économique.
Nous ne pouvons que militer mais nous sommes des militants actifs pour que ce réveil de conscience se fasse. « Quand nous nous réveillons à toutes ces réalités là » nous dit Mousse (Mousse BOUCHERAKY est parent, il a fait énormément d'intervention dans les crèches il y a 10 ans et il va reprendre tout ce travail là de données de l'information), « quand nous avons pris conscience de tout ça, nous faisons comment ? Et quand on est dans une ville on fait comment ? On ne peut pas vivant en ville aller dans le champ du voisin, c'est compliqué ».
Alors l'intérêt des groupes d'achat c'est qu'il permet à tous les parents, à toutes les personnes qui se réveillent à cette terrible réalité de se dire, « ok, et bien maintenant, j'ai une solution où je ne vais pas être un simple consommateur qu'on va traire comme une vache, je vais être acteur d'un projet global qui va essayer de recréer de A à Z un nouveau système économique ».
Et là où ça va être passionnant, parce que c'est une aventure humaine plus que tout (il se produit des événements collatéraux positifs), c'est que quand on va ouvrir un groupe d'achat local, on va pouvoir faire plein de petits autour de soi et un de ces petits, à titre d'exemple (le fer de lance de Mousse il y a 10 ans), c'est de permettre à des enfants en bonne santé de maintenir leur santé. Il y a un grand monsieur que vous connaissez certainement, il s'appelle Hippocrate (tous les médecins aujourd'hui quand ils deviennent médecins prêtent le serment d'Hippocrate), et Hippocrate disait : « Que ton aliment soit ton seul médicament ».
Il est prouvé que les produits chimiques que nous trouvons dans le sol, l'eau et l'air peuvent donner des maladies graves comme les cancers. Il est donc incompréhensible pour Mousse, moi-même ou Marie sa très gentille interlocutrice dans la vidéo, que les pouvoirs publics ne se saisissent pas majoritairement de ce phénomène, de cette problématique et de donner une nourriture saine à nos enfants.
Et quand nous créons un groupe d'achat, les personnes du groupe d'achat peuvent aller voir une crèche, sans demander une subvention, sans demande quoi que ce soit. Testé sur 3 ans et 3 crèches dans le Vaucluse, où ils étaient arrivés à donner une alimentation 100% bio, sans augmenter le prix de vente des repas ce qui était carrément fantastique pour ces petits bouts de choux car ça a permis de développer leur éducation gustative et ça a fait bien évidemment des clients en moins pour une nourriture qu'on appelle la « Junk Food », cette nourriture pleine de produits chimiques à l'intérieur. « Et ça, ça fait partie d'une éducation populaire » ajoute Mousse. Et ce qui était passionnant pour lui, c'était de prouver, sans faire de vague, sans faire de révolution particulière que nous, la société civile, nous les parents, si on veut prendre en mains des choses aussi essentielles que la santé de nos enfants on peut le faire. Et ces petits groupes d'achat sont un moyen de pouvoir donner des repas, de pouvoir livrer près des lieux scolaires des repas à des enfants qui sont normalement sensés manger une nourriture exempte de produits chimiques, toxiques et cancérigènes.
Donc ça c'était la première étape mais Mousse avait calculé qu'à partir d'une centaine de groupes sur un même département, il allait être possible de dégager suffisamment de bénéfices pour pouvoir se porter acquéreur de terres agricoles et d'inviter, de proposer à des agriculteurs en permaculture de venir s'installer sur ces terres. L'idée c'est de leur faire un bail emphytéotique, ça veut dire de leur donner une garantie d'avoir accès à ces terres pour de très longues durées. Parce que le problème, quand on veut faire de la permaculture, c'est qu'il faut en moyenne 3 ans pour que la production soit à son plein potentiel et donc, pour des agriculteurs qui se lancent, ces 3 premières années sont capitales. Et s'ils n'ont pas les moyens financiers pour le faire, ça les empêche et c'est un frein majeur.
L'idée est donc de dire, toujours selon Mousse (c'est la retranscription intégrale de la vidéo pour celles et ceux qui ne pourraient la voir ;)), nous centrale d'achat, on a des besoins, on a besoin de X tonnes de tomates, X tonnes de courgettes, X tonnes de produits, on est prêts à passer un contrat équitable avec vous et vous financer votre installation et financer l'achat de la terre agricole.
La centrale d'achat fait-elle du profit sur les ventes ? demande Marie.
« Nous, centrale d'achat, notre modèle économique, ce n'est pas d'acheter et de revendre à prix coûtant. Aujourd'hui quand nous achetons une tomate bio dans les Pyrénées-Atlantiques, par exemple, nous l'achetons entre 3€ et 3€50 le kilo. Nous, centrale d'achat, on ne peut pas se permettre parce qu'on va avoir exactement la même chose que pour le commerce traditionnel, on va avoir des salariés, on va avoir des locaux. Au départ on passera par des grossistes mais très rapidement on va avoir des locaux. Ça nous sommes obligés de le financer, la centrale ne peut pas faire ça gratuitement à moins de gagner au loto et d'avoir un million d'euros de disponibles, nous ne pouvons pas demander à des personnes qui vont venir travailler, porter des colis, faire la compta de travailler gratuitement, donc nous allons être obligés de faire des bénéfices. Bien-sûr que ces bénéfices par rapport au système traditionnel vont servir à financer les actionnaires, quels qu'ils soient ».
Le principe de la centrale d'achat c'est l'engagement n°1, c'est 100% des bénéfices qui vont être dédiés à l'achat de terres agricoles et la mise en place de productions agricoles, dans un premier temps.
Une fois que nous serons à plus de 100 groupes, le projet se développe, la notion de groupe, la création de groupe c'est tellement simple que ça peut aller très très vite. A partir de 500 groupes nous pourrons réutiliser encore une fois ces bénéfices que l'on a réalisés et investir pourquoi pas dans la création d'usine pour fabriquer des pâtes, c'est le cas aujourd'hui sur Carpentras. On peut fabriquer énormément de choses, il y a des fabricants de bières artisanales, et l'idée encore une fois va être toujours la même : si nous donnons notre argent à une structure (entreprise d'intérêt collectif) qui sera sur le même modèle que la centrale d'achat, quand on est plus dans un modèle économique traditionnel avec ce besoin absolu de faire un maximum de profit sur le dos des salariés, nous pouvons décider que là où dans un modèle industriel , par exemple, si on se met à fabriquer des pâtes, il y aurait 3 salariés, et bien là nous pouvons être dans un modèle différent où il va y avoir 5 salariés, et ça va nous permettre de créer des emplois locaux. Pourquoi ? Parce que si nous avons des champs sur Serres-Castet (par exemple au hasard), on va avoir des légumes, on va avoir des fruits, donc on va être capable de fabriquer des conserves, donc on va avoir la capacité d'investir dans la mise en place d'une petite unité artisanale de production, très important la notion d'artisanal, et nous préférons avoir plusieurs unités de productions, plutôt qu'une industrielle qui va centraliser les commandes.
A partir d'une dizaine de groupes, ça vient donc très vite, on ne peut plus rester à l'étape du bénévolat. Déjà à partir de 10 groupes on va commencer à mettre en place une structure qui ne sera plus associative, ce que Mousse souhaite essayer de garder le plus longtemps possible parce que l'on reste dans un système où il y a des lois. Mais même si l'on reste dans le modèle associatif, nous allons être obligés d'avoir des salariés. Nous ne pourrons pas dépendre uniquement que de bénévoles. Mousse ne connait pas de système qui commence à grandir qui ne peut que dépendre de bénévolat.
Tout ceci est bien-sûr compliqué, tout est entrain de muter, c'est
compliqué de créer du nouveau avec de l'ancien. Les lois d'aujourd'hui sont des
lois en vigueur depuis pas mal d'années. Mais tout ça est amené à changer.
C'est donc pour cela que la centrale d'achat commence avec le statut associatif avec la possibilité de se transformer en SCOP ou SCIC, pas en SARL traditionnelle c'est une certitude.
Et pour aller plus loin dans cette certitude, quand elle aura atteint beaucoup plus de groupes, Mousse aimerait que l'on puisse créer en France ce que lui appelle des entreprises d'intérêt général. C'est une entreprise qui va se dédier à 2000% à l'intérêt général, l'intérêt de ses salariés mais aussi l'intérêt de la communauté qui va être autour d'elle.
Donc la finalité de la centrale, une fois que l'on va vraiment tourner en vitesse de croisière, c'est de pouvoir carrément financer à 100% l'installation de toutes les entreprises dont on va avoir besoin pour alimenter les besoins de nos adhérents. Et là ça va vraiment nous permettre de nous lancer dans un modèle économique qui n'existe pas et c'est pour ça qu'il parle de créer des entreprises au service de l'intérêt général. Aujourd'hui on a SARL, SCIC et SCOP, Société Coopérative de Production. Mousse souhaite vraiment que l'on puisse créer des sociétés d'intérêt général, qui sont au service du public et de la société civile.
Avec l'exemple précédemment évoqué des crèches, c'est ce que doit porter ce genre d'entreprise, la capacité de permettre à des collectivités locales d'avoir une consommation locale et saine avec des produits bios notamment.
Il y a une ville qui a fait quelque chose de magnifique c'est la Ville d'Albi. ça pourrait aller très très vite si les collectivités locales s'y mettaient. Mais comme nous ne savons pas quand les collectivités locales vont le faire, vont répondre à ce bon sens là, et bien nous le prenons en main et nous permettons aux enfants et aux jeunes à travers la centrale d'achat d'avoir accès à cette santé et alimentation saine.
Et la finalité c'est vraiment ça, c'est de pouvoir complètement sortir du système économique actuel. Et là, Mousse laisse vraiment sa part humaine parler et c'est ce qu'il dit constamment à travers son livre : « en tant qu'être humain, en tant que père de famille, je ne veux plus donner un seul centime au système capitaliste, je parle de très sainte église capitaliste, je ne veux plus aller dans ces temples de la consommation., et la seule et unique solution que j'ai aujourd'hui, c'est de créer par moi-même ce nouveau modèle qui me permettra de répondre à 100% à mes besoins.
Les taxes ? Les impôts ? Toujours soumis ? demande Marie.
Oui, bien-sûr, toujours des liens mais on peut aller au maximum de ce qu'on peut faire. Mousse ne souhaite pas se laisser arrêter parce qu'il y a des lois, des si, des ça. La seule chose qui l'intéresse en tant qu'être humain c'est « qu'est-ce que je peux faire ? ». Souvent quand il faisait des conférences sur le bio, on se moquait de lui, on lui disait « oui mais Monsieur, il y a des pesticides dans l'air, le champ du pote agriculteur bio, il y a un champ d'agriculteur de pesticide à côté ». C'est donc ce qu'il disait : « Oui, c'est vrai, aujourd'hui nous pouvons essayer de faire le moins pire , mais le moins pire est tellement génial, que ça me convient de pouvoir me dire que je ne donnerai plus un centime d'euro à ces gros groupes industriels qui aujourd'hui ne favorisent pas l'avenir de cette planète et le présent de nos enfants ».
Faire un paquet de pâtes ou un paquet de gâteaux, prendre un paquet de gâteaux pour nos enfants, nous allons faire plaisir à nos enfants, nous allons le leur donner. Maintenant, est-ce que s'ils avaient la conscience que cette huile de palme est entrain de détruire la forêt indonésienne et la brûler, est-ce que nos enfants seraient en accord avec ça ? Et c'est ça pour Mousse qui est capital, c'est au moins d'être en accord avec ses valeurs humaines et humanistes et de ne plus financer les entreprises contre lesquelles il n'a rien mais c'est juste qu'il reprend son pouvoir d'achat et ne veut plus leur donner ce pouvoir pour faire ce qu'ils font avec. Et donc il se lance dans la création de ce système économique.
Ça passe par une rééducation de nos comportements, de nos habitudes
alimentaires car la malbouffe est au cœur de notre vie lui répond Marie. Donc,
c'est le système global qui doit changer mais il faut bien commencer par des
petits bouts. Tout ça, ça s'accompagne véritablement d'un énorme travail de mise
en lumière de nos propres croyances, de nos propres comportements et qu'est-ce
qu'on est prêts à faire pour être vivants ?